Des nouveautés : enfin !
Le blocage réglementaire français touche à sa fin et les nouveautés tant attendues affluent tous azimuts. Il était temps.
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Cette campagne 2009-2010 semble bien renouer avec l'arrivée de nouveaux produits sur la plupart des segments du marché phytosanitaire français. Depuis plusieurs années, les firmes se plaignent d'un blocage réglementaire au sein des instances administratives chargées de délivrer les fameuses AMM (autorisations de mise sur le marché). Ces défaillances ont privé la France de nouveautés qui sont parfois en vente chez nos voisins européens depuis plusieurs campagnes. Ces temps semblent révolus avec la mise en place, il y a trois ans, de la Dive (Direction du végétal et de l'environnement) au sein de l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments). Cette instance est chargée d'évaluer les dossiers d'autorisation de mise sur le marché et de transmettre ses avis au ministère de l'Agriculture. Les moyens sont ainsi plus conséquents qu'autrefois où les experts qui avaient cette fonction manquaient de temps. Le retard n'a pas encore été complètement rattrapé, mais devrait l'être bientôt (lire page 10).
200 à 300 avis d'AMM chaque mois
Si de nouveaux produits arrivent en nombre seulement aujourd'hui, c'est aussi parce que la Dive et la DGAL (Direction générale de l'alimentation) n'avaient pas que cela à faire. Les retraits d'autorisation - très fréquents ces deux dernières campagnes - nécessitent, en effet, l'examen de dossiers aussi importants que ceux concernant les nouvelles molécules, ce qui freine le dispositif général. Par ailleurs, si la Dive a su mettre les moyens suffisants pour évaluer les nouveautés, ce n'est pas forcément le cas du côté de la DGAL chargée de valider par des décisions de mise en marché 200 à 300 avis par mois. « Cela prend entre 15 min (simple changement de nom commercial) à 2 h (nouvelle homologation) pour traiter un avis et quatre agents seulement sont dédiés à cette activité, reconnaît-on au ministère. Nous faisons ce que nous pouvons et aucun retard n'est à déplorer dans la délivrance d'AMM. »
Depuis l'été 2009, les nouveautés affluent et il était temps. Les nombreux retraits de produits pour cause de non réhomologation européenne ont créé des impasses techniques ou renforcé les phénomènes de résistance. Sur les mille molécules réexaminées par l'Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments), près de 680 ont été supprimées, soit parce que les dossiers n'ont pas été soumis (en raison notamment du coût élevé), soit parce qu'elles ont été retirées par l'industrie agro pharmaceutique qui a jugé leur efficacité agronomique insuffisante.
Ensuite, 70 substances ont été retirées du marché, n'étant plus conformes aux exigences réglementaires et seules 250 ont passé avec succès les études de risques sur la santé et l'environnement menées de 2005 à 2009. Les marchés phytos sont donc en mal de nouveautés et ces nombreux lancements redonnent du souffle à la profession. Beaucoup de firmes, petites ou grandes, regorgent de projets innovants et expliquent que ceux-ci représenteront d'ici peu une large part de leur chiffre d'affaires.
Cascade de nouvelles molécules
Ces nouveautés sont attendues sur de nombreux segments de marché, même si les plus gros sont ceux sur lesquelles les firmes investissent le plus, qu'il s'agisse de formulations plus performantes et environnementalement plus correctes, d'associations de molécules déjà homologuées ou de nouvelles matières actives qui ne le sont pas encore en France. Ces dernières n'ont jamais été aussi nombreuses à combler les besoins de l'Hexagone dès cette année. Sans être exhaustifs, citons par exemple les plus attendues - ou en tout cas celles sur lesquelles les firmes ont eu l'occasion de communiquer pour la prochaine campagne, voire la suivante. De nombreux autres projets imminents sont souvent sous des noms de code ou restent dans les secrets des agrochimistes.
Les nouveaux fongicides commencent depuis quelques semaines à compléter les gammes en grandes cultures et d'autres devraient suivre d'ici peu. En vigne, après les premiers nouveaux antimildious homologués fin 2008, plusieurs autres nouvelles molécules arrivent cette année, ou sont attendues à court terme pour lutter contre cette maladie très préjudiciable aux vignobles : le fluopicolide, chez Bayer CropScience ou le dissodium phosphanate, chez Belchim Crop Protection. Les antioïdiums ne sont pas en reste avec l'arrivée du proquinazid de DuPont après celle du meptyldinocap de Dow AgroSciences. En arboriculture, le renouvellement des antitavelures et antioïdiums est également programmé par quelques firmes.
Les perturbateurs endocriniens exclus
Plusieurs nouvelles matières actives herbicides viennent également déjà de faire leur entrée sur les marchés grandes cultures, céréales et maïs. D'autres devraient bientôt suivre, comme le pinoxaden de Syngenta. Notons également les homologations de deux grandes nouveautés en désherbage du tournesol. De nouvelles molécules insecticides sont, par ailleurs, en attente d'AMM française depuis assez longtemps alors qu'elles se développent dans le monde à grande vitesse. La problématique des abeilles, entre autres, a fortement contribué à renforcer les études concernant l'homologation de ces produits. Ces nouveaux insecticides sont le plus souvent multicultures et à large spectre.
On les attend aussi bien en grandes cultures qu'en cultures spécialisées, et en applications foliaires comme en traitements de semences. Citons ainsi le Rynaxypir de DuPont (marque déposée pour la molécule chlorantraniliprole), le spirodiclofen ou spirotetramat de Bayer CropScience, l'émamectine benzoate de Syngenta ou encore le thiamethoxam de cette même firme (Cruiser) en attente de développements sur plusieurs productions.
Ce renouvellement, favorisé par le déblocage réglementaire en France, s'accompagne également d'une autre évolution réglementaire, européenne cette fois, qui pourrait dans les années à venir modifier les projets de lancements des firmes. Avec l'application dans moins de deux ans du nouveau règlement européen relatif à la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques (lire page 8), plusieurs changements vont intervenir par rapport aux règles actuelles d'homologation.
Les agrochimistes tout comme les producteurs contestent particulièrement la mise en place de critères d'exclusion stricts qui excluront du processus d'homologation les molécules considérées comme perturbateurs endocriniens. « Ces critères basés sur les propriétés intrinsèques de danger, sans prendre en compte l'évaluation des risques réels, vont exclure de nombreuses substances qui ne devraient pas présenter de risques, si elles sont utilisées selon les conditions d'emploi préconisées », martèle-t-on à l'UIPP.
Une procédure de reconnaissance mutuelle
Face à la probabilité de voir disparaître dans ce cadre de nombreux produits très utiles, et donc de générer de nouvelles impasses techniques, des dérogations temporaires - sous fortes conditions - pourraient toutefois être accordées. Par ailleurs, ce règlement introduit également des critères de substitution qui pourraient exclure du marché une nouvelle molécule, dès lors qu'une autre ayant la même efficacité, est moins toxique ou écotoxique.
Compte tenu des couts de plus en plus élevés de recherche et de développement, cette règle pourrait accentuer la frilosité des firmes à investir sur certains marchés et limiter encore l'arrivée de nouvelles molécules. A noter, enfin, que les agrochimistes apprécient en revanche le meilleur encadrement des importations parallèles que va permettre le nouveau règlement, ainsi que la procédure de reconnaissance mutuelle. Dans le cas où un produit est autorisé dans un autre Etat membre, mais qu'aucune spécialité similaire n'existe en France, cette dernière permettra d'autoriser ce produit selon des procédures simplifiées.
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